Peu de courants traditionnels ont aujourd'hui résisté à la tentation d’une seconde jeunesse offerte par l’alliage des musiques électroniques. Si les expériences les plus récentes sont parfois plus qu’hasardeuses, le syncrétisme entre le maloya et les beats synthétiques ne date, lui, pas d’hier. Alors que l'encore jeune Labelle en a fait une signature sonore à succès, voilà une trentaine d’années déjà que des artistes se sont emparés de cette musique créole réunionnaise pour la conjuguer à coup de machines aux rythmes d’aujourd’hui.
Musiciens insulaires ou producteurs débarqués un beau jour de métropole, ils sont ainsi quelques-uns à avoir tenté assez tôt de rapprocher deux courants ayant chacun partagé, à des époques différentes, la défiance et l’interdiction des autorités. Au point même, pour le Maloya, d’avoir été purement et simplement réprimé jusqu’aux années 80, car soupçonné d’attiser les revendications indépendantistes dans le contexte enflammé de décolonisations sanglantes.
Et alors que ce mouvement autrefois clandestin, et qui comprend autant la pratique musicale que le chant et la danse, est désormais inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, nombreux sont les artistes de tous bords, notamment électroniques, qui aujourd’hui revendiquent son influence dans leur création, inspirés par la transe ancestrale que ses notes continuent encore et toujours à dégager.
Profitant de ce moment fertile d'un genre vieux de plusieurs siècles, le label parisien Infiné a choisi de réunir aujourd’hui dans une nouvelle compilation une vingtaine de titres prenant la forme de témoins du rapprochement progressif et - parfois tourmenté - entre le maloya et les musiques électroniques. Une collection faite de remixes et de titres originaux, dont certains sont inédits, et qui témoigne des nombreux détours empruntés par des générations d’artistes sur les sentiers techno, dubstep, ou même acid.
Premier extrait dévoilé de ce *Digital Kabar, * un remix du Kabaré Atèr de Patrick Manent, l’une des grandes voix réunionnaises qui accompagna très tôt sur scène le poète Danyèl Waro. Assez fidèle au titre original, cette relecture minimale signée du vétéran Jako Maron offre un vrai second souffle à un morceau où l’esprit de transe collective est bel et bien intact.
https://www.youtube.com/watch?v=1rR50mGBrIU
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34,00€Prix
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